En cas de survenue d’hypersexualité chez un patient sous miansérine ou un autre antidépresseur agissant directement sur les neurorécepteurs, il peut être utile de diminuer la dose ou d’arrêter le traitement pour voir si l’hypersexualité disparaît.

La miansérine est un antidépresseur agissant directement sur les neurorécepteurs. Dans un article récent de La Revue Prescrire1 , on décrit une série de 7 cas d’hypersexualité rapportés en France chez des patients traités par la miansérine. L’âge médian des patients était de 83 ans. Les symptômes observés étaient : orgasmes spontanés, augmentation de la libido, propos déplacés, augmentation des masturbations, exhibitionnisme, tentative de viol et tentative d’embrasser. Les troubles sont apparus entre 2 jours et 7 mois après le début du traitement ou après une augmentation de la dose et ont, dans les 7 cas, régressé à l’arrêt du traitement ou après diminution de la dose de miansérine. Cinq patients prenaient d’autres médicaments pouvant favoriser des troubles d’hypersexualité ou présentaient par exemple une démence.

Le mécanisme à l’origine de ce risque d’hypersexualité n’est pas connu. Ce risque pourrait aussi exister avec les autres antidépresseurs agomélatine, mirtazapine et trazodone agissant aussi directement sur les neurorécepteurs. Le risque est signalé dans le RCP belge de la trazodone (mention de propriétés prosexuelles pouvant augmenter la libido et la puissance d’érection) et dans le RCP américain de la mirtazapine (augmentation de la libido). La trazodone et la miansérine ont aussi été associées à du priapisme, une urgence médicale [voir aussi Folia octobre 2021].

NB. Le Centre belge de pharmacovigilance n’a pas reçu de notifications d’hypersexualité avec la miansérine, la mirtazapine, la trazodone ou d’autres antidépresseurs (situation janvier 2024).

Commentaire du CBIP

  • Bien qu’il s’agisse d’un effet indésirable très rarement rapporté, surtout chez la personne âgée, en cas d’apparition de symptômes d’hypersexualité chez un patient traité par miansérine ou un autre antidépresseur agissant directement sur les neurorécepteurs, il faut envisager une cause médicamenteuse et éventuellement diminuer la dose ou arrêter le traitement.
    Il y a probablement une sous-notification importante: chez les personnes âgées, un comportement d’hypersexualité sera rarement attribué à un médicament mais plutôt à une détérioration cognitive, et lorsqu’il s’agit d’effets mineurs, ils ne seront pas rapportés à un service de pharmacovigilance.

  • Des cas de troubles compulsifs incluant hypersexualité ont aussi été décrits avec d’autres médicaments agissant sur les fonctions cérébrales, tels que les antiparkinsoniens (surtout les agonistes de la dopamine) [voir aussi Folia mars 2019] et l’aripiprazole [voir aussi Folia mai 2017].

Source spécifique :

Miansérine, mirtazapine : hypersexualités La Revue Prescrire 2023;43:910

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