Sulfamidés hypoglycémiants : pas d’arguments en faveur d’un risque accru de morbidité et mortalité cardio-vasculaires
Dans le diabète de type 2, les sulfamidés hypoglycémiants (voir chapitre 5.1.3. dans le Répertoire) constituent un traitement peu onéreux et efficace en ce qui concerne le contrôle glycémique, avec un effet favorable sur certaines complications microvasculaires. Leurs effets indésirables (prise de poids, hypoglycémies, troubles gastro-intestinaux, et plus rarement réactions muco-cutanées, réactions allergiques, troubles hématologiques et hépatiques) sont bien connus. Une question cruciale reste toutefois leur effet sur la morbidité et la mortalité cardio-vasculaires. Dans les années ’70, l’étude UGDP (University Group Diabetes Program) avait montré une augmentation de la mortalité cardio-vasculaire dans le groupe traité par le tolbutamide (un des premiers sulfamidés hypoglycémiants qui n’est plus disponible en Belgique) par rapport aux groupes traités par l’insuline ou par des mesures diététiques. Ces résultats n’avaient pourtant pas été confirmés dans les études UKPDS (UK Prospective Diabetes Study). Depuis lors, des données contradictoires concernant l’innocuité cardio-vasculaire des sulfamidés hypoglycémiants sont parues. Certaines études observationnelles et méta-analyses ont également montré avec les sulfamidés hypoglycémiants un risque d’évènements cardio-vasculaires plus élevé par rapport à la metformine chez des patients diabétiques de type 2 [voir Folia de mai 2013], mais ceci serait dû plutôt à l’effet protecteur de la metformine qu’à la toxicité des sulfamidés hypoglycémiants.
Conclusion et commentaire du CBIP
– Les résultats de cette méta-analyse suggèrent que les sulfamidés hypoglycémiants ne sont pas associés à un risque accru de mortalité totale ou d’évènements cardio-vasculaires par rapport aux autres médicaments hypoglycémiants (à l’exception de la metformine). La place des sulfamidés hypoglycémiants paraît donc toujours justifiée en cas d’efficacité insuffisante de la metformine ou de contre-indication à celle-ci, mais il convient de mettre en balance leur efficacité sur le contrôle glycémique et certaines complications microvasculaires ainsi que leur faible coût avec le risque d’effets indésirables, notamment le risque d’hypoglycémies et de prise de poids.
– Les données de cette méta-analyse sont intéressantes vu les résultats contradictoires concernant l’innocuité cardio-vasculaire des sulfamidés hypoglycémiants, mais elles doivent néanmoins être interprétées avec prudence étant donné que les études incluses n’étaient pas conçues pour évaluer le risque cardio-vasculaire.