Anticholinergiques inhalés dans la BPCO: réévaluation de leur innocuitéDeux études sur les effets indésirables graves potentiels des anticholinergiques inhalés, utilisés chez les patients atteints de BPCO, ont été discutées dans le communiqué du 30 septembre 2008 dans la rubrique " Bon à savoir " sur notre site Web. Il s’agit de l’ipratropium, un anticholinergique à courte durée d’action (Atrovent®; Combivent® en association au salbutamol; Duovent® en association au fénotérol), et du tiotropium, un anticholinergique à longue durée d’action (Spiriva®).
En raison de la méthodologie utilisée, ces deux études ne permettent pas de tirer des conclusions (p.ex. les accidents cardio-vasculaires n’étaient pas un critère d’évaluation spécifique des études incluses dans la méta-analyse; dans l’étude cas-témoins, le tabagisme et la fonction pulmonaire n’étaient pas connus). L’étude UPLIFT a été publiée récemment [ N Engl J Med 2008; 359: 1543-54 , avec un éditorial : 1616-8 et une discussion dans Minerva 2009; 8: 14-5]. Il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo (n=5.993) menée sur 4 ans avec le tiotropium inhalé (18 μg par jour) auprès de patients atteints d’une BPCO moyennement sévère à très sévère; les patients pouvaient utiliser également d’autres médicaments que les anticholinergiques inhalés indiqués dans la BPCO (p. ex. des β2-mimétiques à courte ou à longue durée d’action, des corticostéroïdes inhalés). Le critère d’évaluation primaire était la diminution du volume expiratoire maximal pendant la première seconde (VEMS); les critères d’évaluation secondaires étaient entre autres l’apparition d’exacerbations de la BPCO, la qualité de vie et la mortalité. Les effets indésirables cardio-vasculaires ne constituaient pas un critère d’évaluation prédéterminé.
L’étude UPLIFT est rassurante dans ce sens qu’elle ne signale aucun indice de risque accru d’effets indésirables cardio-vasculaires ou de mortalité accrue avec le tiotropium, contrairement à ce qui était suggéré dans les études antérieures mentionnées ci-dessus. D’un autre côté, l’étude UPLIFT n’apporte aucun argument en faveur d’un effet favorable du tiotropium sur la mortalité ou la régression du VEMS. L’association de tiotropium à d’autres médicaments utilisés dans la BPCO (surtout des β2-mimétiques à courte ou à longue durée d’action et des corticostéroïdes inhalés) peut toutefois s’avérer bénéfique en ce qui concerne le nombre d’exacerbations. Comme déjà mentionné à plusieurs reprises dans les Folia, le sevrage tabagique reste la seule mesure dont l’effet sur le pronostic de ces patients a été prouvé. Concernant la prise en charge de la BPCO, voir aussi les Folia d' avril 2005 , janvier 2007 et avril 2007 . |