Deux études récentes sur l'innocuité des anticholinergiques à inhaler chez des patients atteints de BPCO 30 septembre 2008

 

 

Deux études ont été publiées récemment sur l'innocuité des anticholinergiques à inhaler* chez des patients atteints de BPCO

 

- JAMA 2008;300:1439-50. Dans cette méta-analyse d'études randomisées contrôlées (sur une période de 6 semaines à 5 ans), une augmentation de l'incidence d'infarctus du myocarde, d'accidents vasculaires cérébraux et de mortalité cardio-vasculaire a été constatée avec l'anticholinergique, par rapport au groupe contrôle (placebo ou sympathicomimétique en association ou non avec un corticostéroïde à inhaler): risque relatif de 1,58 (intervalle de confiance à 95 % de 1,21 à 2,06).

- Ann Intern Med 2008;149:380-90. Dans cette étude cas-témoins auprès de patients chez lesquels une BPCO avait été récemment diagnostiquée, une augmentation de la mortalité a été observée avec l'ipratropium (le tiotropium n'a pas été étudié): odds-ratio pour la mortalité quelle qu’en soit la cause, de 1,11 (intervalle de confiance à 95 % de 1,08 à 1,15); odds-ratio pour la mortalité cardio-vasculaire, de 1,34 (intervalle de confiance à 95 % de 1,22 à 1,47).

 

Ces études doivent être perçues comme un signal, et comme un encouragement à réaliser des études plus approfondies.  Ces deux études présentent toutefois certaines limites en raison de la méthodologie utilisée (p. ex. les accidents cardio-vasculaires n’étaient pas un critère d’évaluation spécifique des études incluses dans la méta-analyse ; dans l’étude cas-témoins, le tabagisme et la fonction pulmonaire n’étaient pas connus).

La firme responsable de Spiriva® a réagi à l'étude parue dans le JAMA par un communiqué de presse et une lettre adressée à tous les médecins généralistes, les pharmaciens et les pneumologues. Il y est référé pour le tiotropium à une méta-analyse de 30 études contrôlées par placebo et à l'étude UPLIFT.  Ces études n’ont pas encore été publiées et, à notre connaissance, les détails n’ont pas été rendus publics.  Nous reviendrons sur ces études dès que ces détails seront disponibles.

Ces données ne permettent pas de tirer des conclusions pour le moment. Par ailleurs, comme déjà mentionné dans les Folia, il n'existe actuellement aucune preuve attestant qu'un traitement médicamenteux de la BPCO prévient la diminution du volume expiratoire maximal par seconde à long terme.  L'arrêt du tabagisme est la seule mesure ayant apporté la preuve d’une amélioration du pronostic de ces patients.

[En ce qui concerne le traitement médicamenteux de la BPCO, voir aussi Folia d’avril 2005, de janvier 2007 et d’avril 2007]

 

* Anticholinergique à courte durée d'action : ipratropium (Atrovent®, en association au salbutamol : Combivent®, en association au fénotérol : Duovent®)

Anticholinergique à longue durée d'action : tiotropium (Spiriva®)