Selon une revue Cochrane récente sur les statines en prévention primaire, le bénéfice absolu en termes de morbidité et de mortalité est trop faible et les incertitudes trop grandes pour pouvoir en recommander un usage systématique. Ce message correspond tout à fait avec l’article qui paraîtra dans les Folia de février 2011.

 

Alors qu’un article sur les statines en prévention primaire à paraître  dans les Folia de février 2011 est actuellement sous presse,  une revue de la Cochrane Collaboration vient de paraître sur le même sujet, l’utilisation des statines en prévention primaire, c.-à-d. chez les patients sans antécédents d’accidents cardio-vasculaires.

La revue Cochrane a rassemblé 14 études randomisées, n’incluant que des études dont 10% des patients au maximum avaient des antécédents d’accidents cardio-vasculaires. L’abstract de cette revue est accessible sur

https://onlinelibrary.wiley.com/o/cochrane/clsysrev/articles/CD004816/frame.html (avec un éditiorial sur https://www.thecochranelibrary.com/details/editorial/983199/Considerable-uncertainty-remains-in-the-evidence-for-primary-prevention-of-cardi.html)

 

Les résultats révèlent une diminution faible mais statistiquement significative de la morbidité et de la mortalité totale avec les statines Le bénéfice en chiffres absolus est cependant faible: les investigateurs ont calculé que 1.000 patients devaient être traités par une statine pendant un an pour éviter un décès supplémentaire. Les études n’ont pas révélé de risques importants, mais dans plusieurs études, les données concernant les effets indésirables faisaient défaut. Les investigateurs signalent également d’autres limites et incertitudes, entre autres le rapport sélectif des résultats, l’interruption prématurée de deux études, l’impossibilité d’extrapoler les résultats à d’autres groupes de patients entrant en ligne de compte (tels que les femmes, les personnes âgées, d’autres groupes ethniques que la race blanche), le manque de données concernant le rapport coût-bénéfice. Par ailleurs, sur ces 14 études, 13 ont été financées, entièrement ou partiellement, par une firme pharmaceutique.   

Les investigateurs concluent que l’on ne dispose pas de suffisamment de preuves pour recommander systématiquement l’usage de statines en prévention  primaire, en particulier chez les patients à faible risque cardio-vasculaire. Ceci correspond tout à fait avec la conclusion de l’article dans les Folia de février.

Dans les réactions publiées au sujet de cette revue Cochrane, certains font la critique que la conclusion de ne pas recommander systématiquement l’usage de statines en prévention primaire ne repose que sur des arguments économiques. Le rapport coût-bénéfice incertain constitue effectivement l’un des arguments, mais il n’est certainement pas le seul. Les incertitudes quant aux effets indésirables, surtout en cas d’usage de statines pendant de nombreuses années dans une population en assez bonne santé, contribuent aussi largement à cette conclusion.