En quoi cette étude est-elle importante ?
L’objectif de cette étude de cohorte est d’étudier le nombre d’hospitalisations qui ont lieu après un diagnostic de sinusite aiguë en pratique de première ligne, et de voir si ce nombre est influencé par la prise d’antibiotiques1.
La plupart des épisodes de sinusite sont d’origine virale, seuls 0,5 à 2% sont d’origine bactérienne. Quelle que soit l’étiologie, de plus en plus de données montrent que le recours aux antibiotiques dans le traitement de la sinusite non compliquée n’apporte qu’un bénéfice clinique limité. Tous les guidelines, y compris le guide BAPCOC, recommandent d’éviter les antibiotiques dans les sinusites non compliquées en raison du rapport bénéfice/risque défavorable2.
En outre, certaines études suggèrent que l’utilisation d’antibiotiques ne protège pas contre les complications graves en raison de la phase prodromique très courte entre l’apparition des symptômes et la survenue des complications.
Conception de l’étude
Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective dont les données proviennent de trois bases de données nationales en Norvège issues des soins de première ligne. L’étude inclut des adultes âgés de 18 ans et plus, ayant reçu le diagnostic de sinusite aiguë entre le 1er juillet 2012 et le 30 juin 2019. L’analyse a tenu compte des facteurs de risque tels que sinusite chronique, traumatismes crâniens, malformations congénitales, maladies respiratoires, affections malignes et immunosuppression. Le critère d’évaluation primaire était une hospitalisation dans les 30 jours suivant la consultation du médecin généraliste. Le critère d’évaluation secondaire était la survenue de complications graves telles qu’une infection intracrânienne, une infection orbitaire, une ostéomyélite ou une septicémie.
Résultats en bref
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Ont été inclus dans l’étude 415 781 patients, avec un total de 711 069 épisodes de sinusite aiguë. Parmi ces épisodes, 54,8% ont été traités par antibiotiques. On a observé une diminution du nombre de prescriptions d’antibiotiques, passant de 63,3% à 46,5% au cours de la période étudiée. Cette diminution des prescriptions d’antibiotiques n’a pas entraîné une augmentation des complications graves ou des hospitalisations.
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Dans les 30 jours suivant la consultation, il y a eu au total 708 hospitalisations, soit 10 hospitalisations pour 10 000 épisodes, et 3,2 complications graves pour 10 000 épisodes. Le nombre d’hospitalisations (critère d’évaluation primaire) et de complications graves (critère d’évaluation secondaire) ne variait pas au cours de la période étudiée.
Conclusion
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Cette étude a constaté un nombre stable d’hospitalisations et de complications graves au cours de la période étudiée, malgré une diminution du nombre d’antibiotiques prescrits.
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La prise d’antibiotiques a été associée à un risque légèrement accru d’hospitalisation dans cette étude, mais ce phénomène peut probablement s’expliquer par le fait que les antibiotiques étaient plus souvent pris par des patients fortement malades.
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Ces résultats viennent renforcer la recommandation de la BAPCOC (11.5.2.3.2. Rhinosinusite aiguë) de ne pas prescrire d’antibiotiques en cas de sinusite non compliquée.
Sources
1 Skow M, Fossum GH, Høye S, Straand J, Brænd AM, Emilsson L. Hospitalizations and severe complications following acute sinusitis in general practice: a registry-based cohort study. J Antimicrob Chemother. 2023;78(9):2217-2227. doi:10.1093/jac/dkad227
2 BMJ Best Practice > Acute Sinusitus > Management. https://bestpractice.bmj.com/topics/en-gb/14/management-approach (dernière consultation le 09/10/2024)