La semaine dernière, la presse a fait état d’un rapport éventuel entre un usage fréquent de paracétamol et l’apparition de malignités hématologiques. Les messages font écho des résultats d’une étude observationnelle parue dans le Journal of Clinical Oncology (publiée en ligne le 9 mai 2011; abstract via www.jco.org).

 

Parmi une cohorte de 64.839 hommes et femmes âgés entre 50 et 76 ans, deux groupes ont été formés: ceux qui présentaient une malignité hématologique (n=577) et ceux qui n’en présentaient pas (n=64.262); dans les deux groupes, on a comparé l’usage de paracétamol, d’acide acétylsalicylique et d’AINS durant les 10 dernières années. On a observé un risque accru de malignités hématologiques (entre autres leucémie myéloïde) chez les personnes ayant fréquemment utilisé du paracétamol (à savoir au moins 4 jours par semaine pendant au moins 4 ans): risque relatif de 1,84 (intervalle de confiance à 95% de 1,35 à 2,50). On n’a pas observé de risque accru pour l’acide acétylsalicylique ou pour les AINS.

 

Cette étude observationnelle ne permet pas de se prononcer sur un rapport de causalité entre l’usage de paracétamol et l’apparition de malignités hématologiques. Il convient en effet de tenir compte des sources d’erreurs éventuelles. La façon dont la cohorte a été assemblée peut déjà avoir biaisé les résultats : seules les personnes ayant répondu à un questionnaire envoyé par mail ont été incluses dans l’analyse. Par ailleurs, l’information concernant l’exposition aux analgésiques est bien entendu basée sur ce dont se souvenaient les participants. Il n’est pas exclu que les patients cancéreux se souviennent mieux des médicaments qu’ils ont pris ces dernières années que les patients non cancéreux (biais de déclaration).

 

Les investigateurs concluent eux aussi que davantage d’études sont nécessaires avant de pouvoir modifier les avis concernant l’usage de paracétamol.