Communiqué du Centre de Pharmacovigilance
Fébuxostat: des doutes concernant la sécurité cardio-vasculaire subsistent après publication de l’étude CARES
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Dans les Folia de janvier 2018, le rapport bénéfice/risque de l’inhibiteur de la xanthine-oxydase fébuxostat (Adenuric®) a été évalué 5 ans après sa commercialisation avec comme conclusion : “Le CBIP estime que le fébuxostat, même après 5 ans, n’est toujours qu’un deuxième choix en cas de goutte, par exemple en cas d’intolérance ou de contre-indication à l’allopurinol… Le risque de réactions d’hypersensibilité et le profil d’innocuité cardio-vasculaire restent des points qui méritent une attention particulière.” En ce qui concerne l’innocuité cardio-vasculaire, il a été fait référence à deux études post-marketing (CARES et FAST) dont les résultats n’étaient pas encore connus à l’époque. Les résultats de l’étude CARES dont la réalisation a été exigée par la Food and Drug Administration américaine et sponsorisée par le fabricant, ont été entre-temps publiés.1 Cette étude de non infériorité randomisée en double aveugle chez 6.190 patients atteints de goutte et présentant une comorbidité cardio-vasculaire importante, a comparé le fébuxostat avec allopurinol et avait comme critère d’évaluation primaire composé : ‘mort cardio-vasculaire, infarctus du myocarde ou AVC non fatal, ou angor instable avec revascularisation urgente’. Après un suivi médian de 32 mois, l’incidence du critère d’évaluation primaire (environ 10% dans les deux groupes) ne différait pas entre les deux groupes (le fébuxostat était donc “non inférieur”). Par contre, l’analyse des critères d’évaluation individuels a montré une augmentation de la mortalité totale dans le groupe fébuxostat, par une augmentation de la mortalité cardio-vasculaire [risque relatif 1,34; IC à 95%: 1,03 à 1,73]. Les investigateurs n’ont pas pu trouver d’explication à cette constatation.
Conclusion du CBIP. Les résultats de l’étude CARES renforcent l’affirmation selon laquelle, lorsqu’on décide d’instaurer un traitement par un inhibiteur de la xanthine-oxydase chez un patient atteint de goutte, le fébuxostat est un deuxième choix, après l’allopurinol [concernant la goutte, voir aussi Répertoire chapitre 9.3. et fiche de Transparence “Goutte”].