Syndrome de Reye et acide acétylsalicyliqueUn communiqué de pharmacovigilance intitulé " Syndrome de Reye et acide acétylsalicylique " a été publié dans les Folia de mars 2003 . Nous avons reçu la réaction suivante des professeurs émérites M. Casteels - Van Daele et E. Eggermont de la K.U. Leuven qui ont publié à ce sujet entre autres dans l’ European Journal of Pediatrics 150 : 456-459(1991)et British 159 : 641-648(2000)]et le Brit Med J [308 : 919-920 et 309 : 1443(1994)]. L’article " Syndrome de Reye et acide acétylsalicylique " mérite d’être actualisé. Reye a décrit en 1963 l’association d’une encéphalopathie aiguë et d’une stéatose hépatique. La définition du syndrome de Reye semble cependant avoir posé des problèmes dès le début. En 1982, les Centers for Disease Control (CDC) aux Etats-Unis ont proposé les critères de diagnostic suivants: un patient âgé de moins de 18 ans, avec 1) une encéphalopathie aiguë non inflammatoire (sans anomalie du liquide céphalorachidien); 2) histologie hépatique typique ou élévation des transaminases sériques ou des taux d’ammoniac (3x normale); 3) absence d’autre explication de l’affection. Malgré le manque évident de spécificité de cette définition, pouvant d’ailleurs correspondre aussi à bien d’autres affections, ces critères ont jadis été utilisés pour le diagnostic du syndrome de Reye. Toutefois, il est maintenant généra-lement admis que cette définition n’est pas spécifique et que le syndrome de Reye est un terme descriptif pouvant correspondre à un grand nombre d’affec-tions hétérogènes (maladies infectieuses, affections métaboliques ou toxiques) qui, grâce à la médecine moderne, peuvent maintenant être diagnostiquées correctement [voir aussi Crit. Care Med 27 : 1582-1587(1999)]. Le manque de spécificité de la définition du syndrome de Reye a comme conséquence logique que les études cas-témoins américaines et britanniques réalisées dans les années ’80, qui suggéraient un lien causal avec l’acide acétylsalicylique, ont été effectuées chez des enfants présentant des affections totalement différentes. Rien que cela porte déjà préjudice à la valeur de ces études, étant donné que la définition d’un patient (" cas ") doit être spécifique pour que l’étude cas-témoins soit fiable. De plus, notre analyse des études épidémiologiques des CDC et de l’étude britannique a clairement montré que ce n’est pas seulement l’usage d’acide acétylsalicylique, mais aussi celui de phénothiazines et d’autres antiémétiques, qui est associé à un nombre significativement plus élevé de syndrome de Reye par rapport au groupe contrôle. Cette information n’a cependant pas été citée par les investigateurs dans leurs conclusions. Une conséquence logique du manque de spécificité de la définition et du diagnostic actuellement plus précis des maladies infectieuses et des affections métaboliques et toxiques est la diminution du nombre de patients chez qui un diagnostic de syndrome de Reye est encore posé. Cette diminution doit aussi être attribuée à un meilleur diagnostic, comme cela a été clairement démontré dans plusieurs études [ Am. J. Dis. Child. 143 : 1181-1185(1989)]. En ce qui concerne le paracétamol: dès lors que les données de la litté-rature attirent l’attention sur le risque d’hépatotoxicité grave, non seulement en cas de surdosage mais également en cas d’administrations répétées de doses normales de paracétamol, une attitude prudente et vigilante et une information correcte sont indiquées [ J. Pediatr 132 : 22-27(1998) ]. Note de la rédactionNous avons trouvé utile de publier ce point de vue, étant donné que le rôle causal de l’acide actylsalicylique dans le syndrome de Reye fait encore l’objet de nombreuses discussions. Le communiqué de pharmacovigilance mentionné ci-dessus concluait que le paracétamol est le traitement de premier choix pour le traitement de la fièvre et de la douleur chez l’enfant étant donné le rapport bénéfices-risques favorable du paracétamol lorsque les doses recommandées sont respectées. Nous pensons que cet avis reste valable vu la controverse quant au rôle de l’acide acétylsalicylique dans l’apparition du syndrome de Reye. |