Déhydroépiandrostérone
La déhydroépiandrostérone (DHEA) est présentée dans des messages publicitaires comme un médicament contre le vieillissement, et qui protège contre toutes sortes d’affections. D’où provient cet intérêt, et quelles sont les preuves de tels effets? La DHEA est une hormone corticosurrénale, mais en dehors du fait qu’elle soit un précurseur de certaines hormones sexuelles, son rôle physiologique n’est pas clairement établi. Dans des études d’observation, les taux plasmatiques de DHEA ont été suivis dans diverses situations: ces taux tendent à diminuer avec l’âge, mais il existe une très grande variabilité interindividuelle. Aucune étude n’a pu montrer un lien quelconque entre de faibles taux de DHEA et une affection particulière. Par ailleurs, dans aucune des études - dont certaines étaient randomisées, contrôlées par placebo et en double aveugle - un effet favorable de la DHEA n’a pu être démontré, par ex. sur les fonctions cognitives, la sensation de bien-être ou la libido. Au cours de ces dernières années, quelques articles relatifs à un effet favorable de la DHEA chez des patients souffrant d’un lupus ont été publiés; les résultats de deux études réalisées en double aveugle ne sont cependant pas encourageants. A l’heure actuelle, il n’existe pas d’arguments satisfaisants pour recommander un traitement substitutif par la DHEA chez les patients qui présentent une insuffisance surrénale avec de faibles taux de DHEA. Les effets indésirables de la DHEA sont par contre bien réels et inquiétants. Chez les femmes traitées par la DHEA, une élévation importante des taux plasmatiques d’androgènes ainsi que de l’acné, de l’alopécie, de l’hirsutisme et des modifications de la voix ont été rapportés. Dans plusieurs études, une diminution du HDL-cholestérol a été observée. Etant donné les propriétés hormonales de la DHEA, on craint surtout à long terme un effet stimulant sur la croissance de tumeurs hormonodépendantes (sein, endomètre, prostate). D’après:
Note de la rédactionEn Belgique, aucun médicament à base de DHEA n’est enregistré. La DHEA peut toutefois être prescrite en magistrale; dans ce cas, elle tombe sous la législation des hormones, avec les exigences strictes que cela impose au pharmacien. Aux Etats-Unis, la DHEA est disponible comme supplément alimentaire. Des préparations à base de DHEA sont aussi vendues par internet. La qualité chimico-pharmaceutique de telles préparations ne peut cependant pas être garantie. Sur base des données disponibles (voir plus haut), l’utilisation de DHEA en dehors d’études cliniques bien définies ne se justifie pas. C’est également la conclusion de l’avis émis par l’Académie Royale de Médecine de Belgique. Cet avis (" Usage de déhydroépiandrostérone (DHEA) pour certaines cures de rajeunissement ") a été publié dans le Tijdschr voor Geneeskd [58 : 1307-1308(2002)]; la version française peut être consultée à l’adresse http://www.armb.be/avis&recommand7.htm |