L’inhibiteur de l’aromatase exémestane dans le cancer du sein non métastasé

[Voir "Bon à savoir" du 16 juin 2006 sur notre site web.]

Des communiqués ont été publiés dans les médias au sujet d’effets favorables sur la survie observés avec l’inhibiteur de l’aromatase exémestane (Aromasin®) chez des femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein non métastasé contenant des récepteurs hormonaux. Ces résultats sont certainement encourageants, mais il faut signaler qu’il s’agit de résultats publiés uniquement sous forme d’abstract, présentés au congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology [via www.asco.org ]. Des résultats préliminaires montrent aussi un effet comparable avec d’autres inhibiteurs de l’aromatase (anastrazole et létrozole). Il n’est pas prouvé actuellement qu’un inhibiteur de l’aromatase soit supérieur à un autre.

Quelques détails complémentaires. Il s’agit des résultats obtenus après un suivi supplémentaire d’environ 3 ans des femmes qui avaient été incluses dans l’Intergroup Exemestane Study (IES). L’étude IES a été publiée en 2004 dans le N Engl J Med [2004; 350: 1081-2 avec un éditorial 2004; 350: 1140-42]et a été discutée dans l’article " Hormonothérapie et immunothérapie dans le cancer du sein non métastasé " paru dans les Folia de janvier 2006 . Dans cette étude, les femmes ont été randomisées, après un traitement de 2 à 3 ans par le tamoxifène, en deux groupes: le premier groupe a poursuivi le tamoxifène, l’autre groupe a pris l’exémestane, pour atteindre au total dans les deux groupes un traitement hormonal de 5 ans.

Les résultats après ces 5 ans de traitement hormonal ont été discutés dans les Folia de janvier 2006: un traitement par l’exémestane, entamé après 2 à 3 ans de traitement par le tamoxifène, était plus efficace en terme de survie sans récidives qu’un traitement par le tamoxifène pendant 5 ans; à ce moment, il n’y avait pas d’augmentation statistiquement significative de la survie globale.

Les communiqués dans les médias se rapportent donc à un suivi complémentaire de ces femmes pendant 3 ans, c.-à-d. 3 ans après que le traitement hormonal ait été arrêté: les résultats montrent toujours un effet favorable sur la survie sans récidive, mais montrent à présent aussi une prolongation statistiquement significative de la survie globale chez les femmes qui avaient pris de l’exémestane; cette prolongation était toutefois limitée, et à la limite de la signification statistique [risque relatif 0,83: intervalle de confiance à 95% de 0,69 à 0,99]. En ce qui concerne les effets indésirables, le groupe exémestane présentait moins d’accidents thrombo-emboliques et d’effets indésirables gynécologiques graves, mais plus de fractures.

Dans l’article des Folia de janvier 2006, il était déjà signalé que, d’après l’American Society of Clinical Oncology, le traitement hormonal adjuvant optimal chez les femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein non métastasé contenant des récepteurs hormonaux, devrait contenir un inhibiteur de l’aromatase, soit comme traitement initial, soit après un traitement préalable par le tamoxifène. Les nouvelles données de suivi confirment cette position. Comme mentionné dans l’article des Folia de janvier 2006, un certain nombre de questions restent sans réponse, surtout en ce qui concerne l’efficacité et l’innocuité à long terme – les nouvelles données sont toutefois encourageantes à ce sujet –, la durée optimale du traitement et le moment optimal pour instaurer celui-ci. Nous avions aussi signalé qu’il convient de tenir compte des effets indésirables des inhibiteurs de l’aromatase et de leur coût plus élevé.