Confirmation du risque accru de cancer mammaire en cas de substitution hormonale, données supplémentaires provenant d’une analyse plus large de la Women’s Health Initiative et de l’analyse d’une étude cas-témoins récente 27 juin 2003

 

Dans le JAMA du 26 juin 2003 ont été publiées deux études sur le traitement hormonal de substitution et le risque de cancer mammaire [JAMA 289, 3243-3253 (2003) et 289, 3254-3263 (2003), avec un éditorial : 289, 3304-3306 (2003) via www.jama.ama-assn.org/cgi/content/full/289/24/3243].

 

La première étude consiste en une analyse des caractéristiques des cancers mammaires et des découvertes mammographiques chez des femmes de la Women’s Health Initiative qui prenaient une association d’estrogènes conjugués et d’acétate de médroxyprogestérone. En ce qui concerne la « Women’s Health Initiative », il a été écrit dans les Folia de novembre 2002 [www.cbip.be/Folia/index.cfm?Foliawelk=F29F11E] que l’étude a été interrompue prématurément (après un suivi de 5,2 ans en moyenne) chez les femmes non hystérectomisées qui prenaient cette association, et ce, en raison d’un risque accru de cancer mammaire et d’affections coronariennes dans le groupe sous traitement hormonal de substitution par rapport au groupe placebo.

L’analyse publiée maintenant dans le JAMA confirme, après un suivi de 5,6 ans en moyenne, le risque accru de cancer mammaire invasif en cas de substitution hormonale par une association d’un estrogène et d’un progestatif trouvé dans l'analyse originale. Cette analyse apporte les données supplémentaires suivantes.

-          Les cancers mammaires invasifs chez les femmes sous substitution hormonale présentaient des caractéristiques histologiques et une différenciation comparables, mais étaient plus étendus et étaient diagnostiqués à un stade plus avancé que chez les femmes du groupe placebo.

-          L’examen mammographique (effectué chaque année pendant toute la durée de l’étude) montrait déjà après un an de traitement une incidence accrue d’anomalies dans le groupe sous traitement hormonal de substitution par rapport au groupe placebo (9,4% versus 5,4%). Cette différence s’est maintenue pendant toute la durée de l’étude.

 

 

La deuxième étude consiste en une étude cas-témoins dans laquelle 975 femmes atteintes d’un cancer mammaire (âgées de 65 à 79 ans) ont été comparées à 1.007 femmes sans cancer mammaire. Les résultats montrent un risque accru de cancer mammaire chez les femmes qui prenaient, de manière continue ou intermittente, une association d’un estrogène et d’un progestatif. Les cancers mammaires étaient surtout de type lobulaire. A l’instar d’études d’observation antérieures, cette étude ne montre pas non plus de risque accru chez les femmes qui prenaient uniquement un estrogène (dont certaines pendant 25 ans ou plus).

 

D’après les auteurs d’un éditorial, les résultats de ces deux études viennent renforcer encore les preuves d’un risque accru de cancer mammaire en cas de traitement hormonal de substitution par une association d’un estrogène et d’un progestatif. De plus, l’analyse plus large de la Women’s Health Initiative indique, selon les auteurs

-          que les cancers mammaires chez les femmes sous substitution hormonale par une association d’un estrogène et d’un progestatif n’ont pas un profil plus favorable que chez les femmes sous placebo (ce qui avait parfois été suggéré dans des études antérieures),

-          que les cancers mammaires chez les femmes sous substitution hormonale par une association d’un estrogène et d’un progestatif surviennent plus tôt que ce qui avait été suggéré sur base d’études plus anciennes,

-          qu’il n’est pas facile de définir quelles sont les femmes à risque,

-          que les femmes sous substitution hormonale par une association d’un estrogène et d’un progestatif, présentent des anomalies plus fréquentes à la mammographie, ce qui engendre de l’angoisse et nécessite des examens complémentaires.

 

 

Dans l’article «  Bon à savoir » du 28 mai 2003, nous mentionnons les résultats de la Women’s Health Initiative Memory Study, qui montre un risque accru de démence chez les femmes sous traitement hormonal de substitution par une association d’un estrogène et d’un progestatif. La conclusion est qu’un traitement hormonal de substitution ne doit pas être instauré dans le but d’améliorer les fonctions cognitives ou de prévenir la démence.

 

Toutes ces données amènent à une réévaluation des indications de la substitution hormonale, par ex. en ce qui concerne l’ostéoporose, mais aussi l’utilisation à court terme.